Political ecology Animation Scientifique Actualités Soutenance du mémoire d’Habilitation à diriger des recherches de Denis Chartier
La soutenance de l'HDR de Denis Chartier aura lieu le vendredi 9 décembre 2016 à 14h00 , au Muséum national d’histoire naturelle, au 63, rue Buffon 1er étage "Salle des collections” (à l'interphone sonner à Accueil).
Cette HDR sera discutée en présence de :
Nathalie Blanc , géographe, directrice de recherche au CNRS (garante).
Gilles Bœuf , biologiste, professeur à l’Université Pierre-et-Marie-Curie (Paris VI).
Dominique Bourg , philosophe, professeur ordinaire à l’Université de Lausanne.
Françoise Grenand , anthropologue, directrice de recherche émérite au CNRS.
Christian Kull , géographe, professeur ordinaire à l’Université de Lausanne.
Hervé Régnauld , géographe, professeur à l’Université Rennes 2 (Rapporteur).
Olivier Soubeyran , géographe, professeur à l’Université Grenoble Alpes (Rapporteur).
Résumé
: À l’aune d’une relecture de mes travaux consacrés aux questions de
conservation et de développement en Amazonie brésilienne, cette HDR
interroge et propose des modalités de réponses à ce que la philosophe
Isabelle Stengers appelle l’intrusion de Gaïa. Partant d’un constat de
« verrouillages » empêchant l’émergence d’alternatives soutenables à des
modèles de développement mortifères, considérant que Gaïa est avant tout
un appel à résister à la barbarie qui vient et que le capitalisme n’est pas
« civilisable », il apparaît urgent de nous extraire d’une vision prométhéenne
(royaume d’un savoir rationnel, objectif, capable de mettre tout le monde
d’accord) pour laisser aussi place à des visions sensibles… sans délaisser le
politique et la science dans son unique capacité de révéler des connaissances
depuis des points de vue toujours situés. Pour ce faire, deux propositions
ont été élaborées : l’écologie politique orphique et la Gaïagraphie.
L’écologie politique orphique est pensée comme un champ de recherche et
une pratique consacrée aux questions environnementales et aux relations
Nature/Société ancrée dans une remise en cause des fondements modernes
et paradigmatiquement occidentalo-centrés qui découlent de la révolution
scientifique. L’orphisme est entendu en contraste au prométhéisme mais aussi
comme une notion qui porte en elle une dimension sensible et esthétique,
une possibilité de s’ouvrir à d’autres ontologies, à d’autres conceptions du
vivant. Il appelle la possibilité de se laisser affecter par d’autres points de
vue, de « devenir » ou de « penser » comme un autre, qu’il soit animal,
amérindien ou végétal. Au final, l’orphisme est considéré comme un adjuvant
nécessaire pour répondre à l’intrusion de Gaïa, essentiellement parce qu’il
permet de combler un manque qui réduit à l’impuissance des pratiques et
des propositions plus « classiques » d’écologie politique.
La Gaïagraphie est quant à elle entendue à la fois comme un outil
méthodologique, comme une pratique artistique, comme un objet de
médiation scientifique et comme un acte de réponse à l’intrusion de Gaïa.
Le terme Gaïagraphie a été adopté, d’abord comme outil pour dessiner des
lignes de front, des territoires de/en lutte autour des questions écologiques
mais aussi comme terme pour qualifier un dispositif extradisciplinaire
permettant de se donner les moyens de les dessiner. Le projet de Gaïagraphie
est un processus créatif qui, par un aller-retour perpétuel entre pratique
scientifique et pratique artistique, apporte « un supplément d’âme » à notre
compréhension du Monde et à nos engagements en son sein. Il vise à ouvrir
l’académie à des enjeux encore peu valorisés tel que celui de la pratique
artistique théorisée en tant que production scientifique. Ce projet vise aussi
à mettre en dialogue orphisme, politique et écologie, pour que chacune de
ses entrées soit irriguée et transformée par l’autre ou les autres… et qu’il soit enfin possible, en tant que chercheur et terrien, de se réapproprier une
capacité de penser, de sentir et d’agir face à la catastrophe.
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