Political ecology Animation Scientifique Actualités Appel à contributions : "Territorialisation et pouvoir"
Date limite d’envoi des articles/Deadline for submission of articles : 03/02/14
Au nom de la conservation environnementale et/ou du développement économique rural, un groupe diversifié d’acteurs public et privés s’affairent à diviser les Suds en unité territoriale d’échelles variées. Un premier objectif de ces interventions géographiques est de contrôler les humains et les ressources au sein de ces espaces de conservation et/ou de développement. L’usage de l’espace et des territoires, à différentes échelles, pour contrôler les populations et les ressources n’est pas en soi quelque chose de nouveau. La création de parcs nationaux, réserves naturelles ou d’espaces dédiés à des activités d’extraction et d’exportation sont des stratégies territoriales bien connues en termes de gouvernance de la conservation et du développement. Ce qui est nouveau en revanche, c’est la diversité des institutions, acteurs et pratiques spatiales impliqués dans les processus de territorialisation des terres et des eaux de ce monde. Des partenariats public-privé créent des corridors d’intensification agricole en Tanzanie et au Mozambique. Des gouvernements en Amérique centrale et du Sud ainsi qu’en Asie du Sud-Est travaillent avec des organisations internationales, des ONG environnementales et des institutions financières pour découper les forêts tropicales en concessions pour la séquestration du carbone, la conservation de la biodiversité et les systèmes de compensation des émissions de carbone. En Afrique de l’Ouest, les gouvernements subdivisent le milieu rural en zones dans lesquelles les compagnies d’agrobusiness monopolisent les marchés d’intrants et de productions. Dans de nombreux lieux, les approches territoriales et les technologies géospatiales sont utilisées dans une perspective de privatisation des terres non appropriées (commons ). Ces nouvelles pratiques territoriales, concepts et interventions s’ajoutent à une longue liste de processus antérieurs similaires qui ont abouti à la délimitation de territoires de conservation et/ou de développement : les « zones tampons » et les corridors de biodiversité dans les programmes de conservation et de développement intégrés, les parcs internationaux pour la paix et les réserves transfrontalières, les échanges dette-nature, et les réserves extractives. Les principaux moteurs de ces nouvelles ségrégations spatiales sont la protection de l’environnement prise en charge par l’économie de marché, discours science-politique et privatisation.
Ce numéro spécial d’Écho Géo est consacré à la prolifération des territoires de conservation et/ou de développement dans le Sud globalisé par le biais de processus de territorialisation par lesquels divers acteurs publics et privés délimitent des espaces avec l’objectif de gouverner les humains et les ressources qui sont dedans ou autour de ces limites. Le contrôle peut être coercitif comme dans le cas de l’éviction forcée de populations de leurs terres ancestrales. Mais la « conservation coercitive » n’est qu’une des nombreuses modalités de ces nouveaux processus de territorialisation. Ceux-ci peuvent aussi s’exprimer indirectement à travers la prescription ou l’interdiction de certaines activités qui affectent l’accès à la ressource, son contrôle et sa gestion. Ces reconfigurations socio-spatiales sont typiquement mises en place par l’établissement de nouvelles lois, règles et normes qui modifient les relations humains-environnement. Ce processus est aussi caractérisé par des discours sur l’environnement et le développement. Ces discours décrivent souvent les usagers des ressources comme des acteurs destructeurs, inefficaces et ignorants qui ont besoin d’être réorganisés et disciplinés par le biais de nouveaux arrangements socio-spatiaux. De nouvelles subjectivités et collaborations de même que des résistances peuvent émerger au sein de ces géographies environnement-développement remodelées. De ce fait, de nombreuses questions émergent de ces processus de territorialisation et des effets de régulation qui leur sont liés :
Les articles proposés devront améliorer la compréhension sur la manière dont le processus de territorialisation permet d’atteindre les objectifs environnementaux et/ou de développement d’une grande diversité d’acteurs et d’institutions de différents niveaux d’échelle. Les cas d’étude pourront examiner comment des stratégies territoriales diverses – de la conservation coercitive au zonage de régulation – produisent de nouvelles subjectivités, relations sociales et conditions d’existence. Ce numéro spécial ambitionne d’approfondir nos connaissances théoriques et empiriques sur les dynamiques politico-écologiques liées aux processus de territorialisation, avec une emphase sur les reconfigurations des règles d’accès aux ressources, du contrôle de ces ressources et de leur gestion qui accompagnent ces pratiques socio-spatiales désormais répandues.
Les articles, rédigés en français, en anglais comporteront environ 30 000 signes, espaces non compris (plus les illustrations). Ils devront être envoyés avant le 3 février 2014 à Thomas J. Bassett (bassett@illinois.edu) et Denis Gautier (denis.gautier@cirad.fr) avec copie à Béatrice Vélard (bvelard@univ-paris1.fr), secrétaire éditoriale, qui les transmettra aux évaluateurs. Le dossier sera publié dans le n°29 d’EchoGéo (juillet-septembre 2014).
Coordination du dossier : Thomas J. Bassett, Professeur de Géographie, Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, États-Unis et Denis Gautier, Géographe, CIRAD/CIFOR, Burkina Faso.
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Under the banners of environmental conservation and/or rural economic development, a diverse group of public and private actors is busily dividing the global South into territorial units at a variety of scales. A primary goal of these geographic interventions is to manage people and resources. The use of space, scale, and territory to regulate populations and resources is nothing new. National Parks, biosphere reserves, and export-processing zones are well-know territorial strategies for governing conservation and development. What is novel is the diversity of actors, institutions, and spatial practices involved in dividing the lands and waters of the world. Public-Private Partnerships are creating agricultural growth corridors in Tanzania and Mozambique. Governments in Latin America and South Asia are working with international organizations, environmental NGOs, and financial institutions to divide tropical forests into concessions for carbon sequestration, biodiversity conservation, and carbon offset schemes. In West Africa, governments are sub-dividing the countryside into zones in which agribusiness firms monopolize input and output markets. And in many places territorial approaches (e.g. the “terroir”) and geo-spatial technologies are being used in the privatization of common lands. These new spatial practices, concepts, and interventions can be added to a long list of previously demarcated conservation and/or development territories: buffer zones and wildlife corridors in Integrated Conservation and Development Programs, international peace parks and transfrontier reserves, debt-for-nature swaps, and extractive reserves. Market environmentalism, science-policy discourses, and privatization are major driving forces behind these new enclosures.
This special issue of ÉchoGéo examines the proliferation of conservation and/or development territories in the global South through the lens of territorialization. Territorialization refers to processes in which a variety of public and private actors draw boundaries around an area with the goal of governing people and resources located within and/or around it. Control can be heavy handed as in the forced eviction of people from ancestral lands. But “coercive conservation” is just one of the many modalities of territorialization. Territorialization can also work indirectly through prescribing and proscribing certain activities that affect resource access, control, and management. This socio-spatial reconfiguration is typically achieved by establishing new laws, regulations, and authorities that alter human-environmental relationships. The process is also characterized by environment-development discourses. These discourses often portray resource users as destructive, inefficient, and ignorant actors who need to be reorganized and disciplined via new socio-spatial arrangements. New subjectivities and collaborations as well as resistance may emerge within these refashioned environment-development geographies. Indeed, a number of questions arise over the processes and effects of regulation by territorialization:
The proposed articles will advance understanding of how territorialization works to achieve the environment and/or development objectives of a wide range of actors. Case studies can examine how a diversity of territorial strategies--from coercive conservation to zoning strategies and regulations--produce new subjectivities, social relations, and livelihoods. The special issue will illuminate the political ecological dynamics of territorialization with emphasis on the reconfigurations of resource access, control, and management that accompany these widespread socio-spatial practices.
The papers, written in French or English should be in the region of 30,000 characters, no spaces (plus illustrations). They must be sent before February 3, 2014 to Thomas J. Bassett (bassett@illinois.edu) and Denis Gautier (denis.gautier@cirad.fr), copying in Béatrice Vélard, Editorial Secretary (bvelard@univ-paris1.fr), who will forward the papers to the reviewers. The articles will be published in issue 29 of EchoGéo (July – September 2013).
The issue is coordinated by Thomas J. Bassett, Professor of Geography, U. of Illinois at Urbana-Champaign and Denis Gautier, Geographer, CIRAD/CIFOR, Burkina Faso.
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